Bien des villages d’Alsace ont disparu au cours de l’histoire, dans des circonstances le plus souvent obscures, ravagés par les maladies, par les guerres ou condamnés par la misère. La chapelle Sainte-Barbe et son proche puits témoignent de l’existence passée d’un tel village.
Le village disparu de Wundratzheim
Wundratzheim a existé dès le VIIIe siècle. Les travaux des historiens laissent apparaître l’évolution que connaîtra le nom de ce village. La liste des possessions immobilières de l’abbaye de Marmoutier, vers l’an 1000, mentionne le nom de Uundermittesheim. Au XIIIe siècle, le nom du village est écrit Undermuozheim : le 7 juillet 1285, l’évêque de Strasbourg Frédéric de Lichtenberg fit don de ses biens dans les villages de Luthenheim, Luphenstein et Undermuozheim à l’autel de Saint Nicolas de l’abbaye de Neuwiller, pour le salut de son âme et de celles de ses proches. Nous retrouvons Undermutzheim dans un acte de vente daté du 13 novembre 1317, dans lequel Jean de Lichtenberg vendit des biens lui appartenant (environ 9 ha de champs et 11 ha de prairies, situés dans les bans de Littenheim, Lupstein et Wundratzheim). Le village est nommé plusieurs fois encore au courant du même siècle. En 1356, il est question de « in banno ville Wundermotzheim », en 1371 uniquement de son ban, mais en 1392 émerge dans un acte de vente se trouvant à Heidelberg, la mention d’un habitant du village. Il est dit dans cet acte : « Agnes Götze, Clauwes Witwe, verkauft dem Gutknecht Zehen von Altheim und seiner Ehefrau Anna ½ Acker Matten in dem Dürnocke neben des Schulmeisters Kinde von Wilre, ½ Acker Feld am Mühlwege neben Ottemann von Wundermotzheim, alles in Altheim Banne gelegen, für 3 pfund und 5 schillinge Strassburger pfennige. » Une chapelle est, en outre, citée en 1396 (« bi der Capelle zu Wundratzheim »). En 1424, il est toujours question du territoire, mais nous ne trouvons plus trace du village même. Le finage fut annexé à celui de Lupstein et peut-être en partie à celui de Littenheim. Wundratzheim faisait partie des 28 villages appelés Grafschaftsdörfer. Par ailleurs, il formait avec Littenheim et Lupstein un petit district judiciaire et administratif appelé Büttelei qui était régi par un Schultheiss (ou écoutète), nommé par le possesseur de la Büttelei. L’écoutète présidait le tribunal composé par les échevins élus des habitants des trois villages ; ce tribunal n’avait à connaître que des délits. Des lieux-dits subsistent : Wundratzheimer Feld, Kirchhöfel, Kapellenbrunnen.
Quel était l’emplacement exact du village?
Des restes de maçonneries ont été trouvés lors de travaux pour le drainage des eaux, au lieu-dit Bei dem Bronnen. Il arrivait aussi qu’au moment des labours, des cultivateurs mettaient à jour des pierres pouvant provenir de vieilles constructions dans les parcelles Bei der Capell, conjointes au lieu-dit Bei dem Bronnen, à une distance maximum de 250 mètres de la chapelle. Le village se serait-il étendu au sud-ouest d’une ligne formée par l’axe chapelle-puits ? Nous pouvons le penser.
Vers quelle époque situer la disparition de Wundratzheim ?
Le village a-t-il sombré brusquement dans les flots d’une histoire fort agitée, ou s’est-il ruiné peu à peu pour des raisons d’ordre économique et par l’extinction de ses habitants, ses derniers survivants s’étant réfugiés dans les paroisses voisines de Lupstein et de Littenheim ? Nous ne saurions le dire. La peste, qui a sévi en Alsace en 1348-1349, ne saurait être mise en cause. S’agirait-il alors de l’un des nombreux sévices commis par les bandes de mercenaires descendues dans la plaine d’Alsace par le col de Saverne au début du XVe siècle ? La nuit des temps a recouvert l’histoire de Wundratzheim et ne la dévoilera sans doute plus à nos regards.
La chapelle Sainte-Barbe
La chapelle s’élève non loin de la route départementale 151, entre Altenheim et Littenheim, à environ 500 mètres, et à l’ouest, de ce dernier village. Représente-t-elle l’ancienne église de Wundratzheim ou n’a-t-elle été construite que plus tard, sur son emplacement, ou même tout simplement en exécution d’un vœu de quelque habitant ? Si on ne connaît pas la date de construction de cette petite chapelle, on sait qu’elle a subi une restauration durant la seconde moitié du XIXe siècle : c’est ce qu’indique l’inscription « N.L. 1862 C.G. » figurant sur la seule fenêtre cintrée de l’édifice.
De nombreux travaux ont lieu en 2014 et 2015. Ils ont été menés par les Amis de la chapelle Sainte-Barbe, association créée à ce moment-là (inscription au Registre des Associations du Tribunal d’Instance de Saverne, le 24 mars 2014 – Volume 43, Folio 57) : stabilisation des fondations de la chapelle, installation d’une nouvelle charpente et d’un auvent plus spacieux, mise en place de deux niches pour les statues de la Vierge de Lourdes et du Bon Pasteur, travaux de crépissage et de peinture, confection d’une nouvelle porte et de bancs, rénovation de l’autel, aménagement des abords du sanctuaire. Le clocheton et la cloche Ut unum sint (« qu’ils soient un ») ont été ajoutés à ce moment-là.
Tous les ans, au début du mois de septembre, une messe inter-paroissiale y est célébrée.
La cloche est sonnée tous les samedi à 12H00 et l’on y prie pour la paix dans le monde.
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Sainte Barbe, qui es-tu ?
Selon les écrits, je suis originaire de Nicomédie (aujourd’hui Izmit, en Turquie) ou de Héliopolis (en Égypte). J’ai vécu il y a bien longtemps : au 3e siècle. Je suis la fille unique de Dioscore, un notable païen. Ma grande beauté me vaut plusieurs demandes en mariage de la part de puissants seigneurs, mais je les refuse. Mon père me fait alors construire une tour d’un grand luxe, où je peux vivre à l’écart des hommes et m’adonner aux études. Durant une absence prolongée de mon père Dioscore, je me convertis à la religion chrétienne et demande à recevoir le baptême. Ma conversion est matérialisée par la troisième fenêtre que je fais percer dans la tour, en l’honneur de la Sainte Trinité. À son retour, mon père devient furieux et m’ordonne de renoncer à cette religion. Je refuse. Dans sa colère, il brandit son épée. Apeurée, je fuis la colère paternelle et cherche à me cacher. Devenu fou furieux, mon père Dioscore me cherche longuement ; c’est un berger qui lui indiquera ma cachette. Me saisissant par les cheveux, il me traîne sans ménagement jusqu’à la ville et m’enferme dans un donjon. Le lendemain, il me conduit devant le juge Marcien. Devant mon refus de renier ma foi, le juge me condamne à divers supplices et tortures (on m’arrache les seins avec des peignes de fer, mon corps est fouetté et brûlé avec des lames rougies au feu). Persistant dans mon refus d’abjurer, je suis condamnée à être décapitée. C’est Dioscore, mon propre père, qui demande à exécuter la sentence. À peine l’horrible geste accompli, un orage éclate et la foudre terrasse le bourreau. Dans l’iconographie, je suis généralement représentée en jeune fille, coiffée d’une couronne, avec une palme de martyre. Une tour à trois fenêtres (en référence à mon adoration de la Sainte Trinité), un glaive et un calice surmonté d’une hostie constituent mes autres attributs.
Ma fête est fixée au 4 décembre.
Je suis la sainte patronne de la chapelle sise au lieu-dit Wundratzheim.
Le 25 novembre 2017, Mgr Christian Kratz, évêque auxiliaire de Strasbourg, a visité ma chapelle de Wundratzheim et y a prié. Comme toutes les personnes qui viennent ici et se laissent le temps de scruter les alentours, il a pu admirer les cinq clochers que l’on aperçoit au loin : Altenheim, Dettwiller, Littenheim, Lupstein et Rosenwiller.
Le lendemain, Mgr Kratz a célébré la grand’messe pontificale à l’église de Lupstein et a procédé à la reconnaissance de la communauté de paroisses « Dettwiller et les collines de Wundratzheim »… placée sous mon patronage. Quelle joie de veiller sur tous ces clochers et d’intercéder auprès de Dieu pour celles et ceux qui vivent à leur ombre !