Église Saint-Jacques
L’église simultanée Saint-Jacques se trouve au centre du village dans le quartier du Hohgraben ou Hohgrawe (de l’allemand hohen Graben, grand fossé), ancien noyau historique de la commune. Un premier édifice, dont la date de construction est inconnue, fait place à une nouvelle église citée dès 1255. Elle aurait été fondée par Jacques de Lorraine, évêque de Metz, l’année précédente et c’est de là aussi, que viendrait l’attribution du patronage de saint Jacques le Majeur. La partie supérieure du clocher de l’église servait de refuge. Incendiée en 1445 par les Armagnacs, elle fut une première fois reconstruite.
Dès 1530, catholiques et protestants luthériens se partageaient l’église pour célébrer les cultes. Un pasteur venait tous les dimanches de Strasbourg jusqu’en 1547, où la ville, possédant Dettwiller, imposa la religion protestante sur son territoire. Lorsqu’en 1684 Louis XIV permit aux catholiques de célébrer leur culte dans une église protestante, ceux-ci étaient trop peu nombreux dans le village et dépendaient encore de la paroisse de Wilwisheim. Il a fallu attendre 1692 pour que des messes soient à nouveau célébrées à Dettwiller par les curés de Wilwisheim. Le 6 mars 1780, le vicaire François Fingado de Wilwisheim administre le dernier baptême et célèbre le dernier mariage en l’église de Dettwiller. Ainsi se termine la période où Dettwiller fut annexe paroissiale de Wilwisheim. A partir de cette année, des curés résidèrent à nouveau à Dettwiller.
En 1783, l’église, trop petite et délabrée, dut être agrandie. Sophie Rose de Rosen et son époux Charles-Victor prince de Broglie, qui possédaient alors le village, estimèrent qu’il n’était pas nécessaire pour eux, de participer financièrement aux travaux et refusèrent la modification du clocher. La communauté des paroissiens décida alors de construire un nouveau chœur et d’agrandir la nef. Les plans sont établis -ou simplement revus- par Nicolas-Alexandre Salins de Montfort, inspecteur des bâtiments publics en Basse-Alsace. Le cimetière qui entourait alors l’église dut être déplacé. Un nouveau cimetière fut donc construit du côté de Gottesheim en 1780. Le premier enterrement y eut lieu trois ans plus tard. Cet allongement de l’église nécessita également la construction d’un mur de soutènement. Des pierres provenant de l’ancien édifice, ainsi que des pierres tombales de l’ancien cimetière, sur lequel l’église empiète maintenant, furent utilisées à cet effet. La nef dut aussi être décalée par rapport à l’axe du clocher, afin de rester sur un sol assez stable. Finalement en 1785, le premier baptême put être célébré après deux ans de travaux. Cependant, ce rehaussement de la nef empêcha la diffusion du son des cloches vers le nord-ouest. Il fut donc décidé en 1842 de rehausser le campanile. Ces derniers travaux de construction donnèrent ainsi à l’église, son clocher à la forme particulière, que l’on ne rencontre nulle part ailleurs dans la région. Une croix surmontée d’une girouette en forme de coq a été ajoutée l’année suivante.
Les orgues furent érigées en 1835 (date au bas du positif) par les facteurs d’orgues Stiehr et Mockers de Seltz, avec grand orgue, positif et pédale. Les tourelles latérales avec tuyaux muets, ornées de sculptures allégoriques de la musique, ont été supprimées en 1963 ; les statues survivent sur le positif. La tribune construite en 1835 pour recevoir le nouvel orgue, en forme de fer à cheval, fut réduite à ses dimensions actuelles en 1964. Lors des travaux de 1961-1964, la majeure partie du mobilier ancien (XVIIIe siècle) connaît le même sort : le maître-autel surmonté d’un retable flanqué de colonnes avec tableau de saint Jacques, les autels latéraux avec retables, la chaire et les grands tableaux du chemin de croix disparaissent à ce moment-là. Les deux tableaux des anciens autels latéraux sont conservés : l’Annonciation (1867, signé Carola Sorg) et saint Joseph et l’Enfant. Le nouvel autel catholique (consacré par Mgr Léon-Arthur Elchinger, le 5 juillet 1964) est un bloc de pierre calcaire blanche, posé sur trois niveaux de gradins. Sa face tournée vers la nef porte un bas-relief ayant pour thème l’appel des premiers disciples et la pêche miraculeuse. L’autel protestant date du XVIIIe siècle ; c’est un bloc de grès galbé avec socle, orné d’une guirlande et d’un calice.
Hormis l’ensemble des six monuments funéraires de la famille de Rosen (classés monuments historiques en 1936), l’église abrite deux sculptures du XVIIIe siècle en bois doré et polychromé : une statue de la Vierge à l’Enfant et une statue de saint Jacques, patron de l’église, en habits de pèlerin.
Saint Jacques, qui es-tu ?
Mon frère Jean et moi-même avons travaillé chez notre père, Zébédée, au bord du lac de Tibériade. Nous étions pêcheurs. Un jour, alors que nous étions dans la barque de notre père et étions occupés à réparer les filets, Jésus est passé sur le rivage et nous a dit : « Suivez-moi ». Sans attendre, nous avons décidé de le suivre. Durant trois années, comme mon ami Pierre, j’ai appris à connaître Jésus de mieux en mieux : j’ai assisté à ses miracles et je l’ai écouté parler de Dieu aux hommes. J’avoue qu’à un moment, en entendant Jésus parler de « Royaume de Dieu », j’ai rêvé d’y recevoir une bonne place. Mais Jésus m’a fait comprendre que son royaume n’était pas comme celui des rois ou des puissants de ce monde. Je l’ai encore une fois compris le soir du Jeudi Saint, quand Jésus, au cours de son dernier repas avec nous, s’est levé de table pour nous laver les pieds… en nous invitant à imiter son exemple ! Je meurs en l’an 42, peu après le diacre Étienne, lors des persécutions contre les chrétiens. Décapité sur l’ordre du roi Hérode Agrippa, je suis le premier des apôtres à verser mon sang pour Jésus. La tradition fait de moi l’évangélisateur de l’Espagne. C’est dans ce pays que se trouve le célèbre pèlerinage de Compostelle, où de nombreux pèlerins viennent, encore aujourd’hui, près de ma tombe.
Ma fête est fixée au 25 juillet.
Je suis le saint patron de l’église de Dettwiller.